Il y a 4 ans, Gael Faure sortait son album Des silences en bascules. Un album folk et acoustique qui m’a conquis dès les premières notes. Après de longs mois de voyage (autour du globe et à l’intérieur de lui-même), Gael Faure est de retour avec un nouvel opus : Regain. Un disque plus rythmé, avec des sonorités plus électroniques et des textes plus personnels. Et c’est un succès !

La semaine dernière, je suis allée écouter Regain en live. Quel concert ! Si ce nouvel album est une pépite sur CD (ou vinyle dans mon cas), il prend une autre dimension sur scène. La voix et la personnalité généreuse et sincère de Gael se dévoilent et nous entraînent dans son univers. La promesse d’un beau voyage.

Avant ce concert, Gael Faure m’a fait l’honneur de m’accorder une interview. Nous avons discuté durant presque une heure. De sa vision de la musique, de Regain, de son amour pour la planète et sa volonté de faire sa part. Un moment enrichissant et inspirant.

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Gael Faure veut faire germer une graine avec Regain

Salut Gaël ! Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions ! Pour commencer, félicitation pour ce nouvel album. C’est une vraie pépite. Il s’est passé 4 ans entre De Silences en Bascule et Regain. Qu’as-tu fait durant tout ce temps ?

Je me suis pas mal promené. Surtout dans ma tête. Je voulais savoir ce que je pouvais raconter car je voulais être honnête. Je me suis posé beaucoup de questions. Sur ma personne. Sur mon but sur la Terre. Sur comment faire les choses et surtout comment les faire mieux. J’ai continué à jouer aussi. En Suisse et en Belgique. On a fait beaucoup de dates au Canada. On y est allé 4 fois en 4 ans ! On a d’ailleurs profité d’un séjour au Canada pour filmer la vidéo Traverser l’hiver.

Durant ces 4 ans, j’ai fait énormément de rencontres qui ont toutes nourrit l’album, notamment avec la famille Souchon.

Justement, ces rencontres ont fait naître des collaborations sur cet album, notamment avec Ours et Pierre et Piers Faccini, qu’apportent-elles à Regain ?

J’adore les gens. J’aime les connexions et les rencontres. Et surtout j’adore les provoquer, peut-être maladroitement mais en restant moi. Cet album est plus personnel, plus précis. On évolue constamment. On ne vit pas les mêmes choses à 18, 25 ou 30 ans. Je le trouve plus cohérent. Toutes ces collaborations donnent du relief à Regain. Cet album, je l’imagine un peu comme un film. Un voyage intérieur où les sons me transportent ailleurs. Je n’arrive pas à donner de date à cet album. Il mélange de l’ancien et du moderne comme je l’aime !

Tu as nommé ton album Regain, pourquoi ?

C’était une vraie question de savoir comment j’allais nommer mon album ! Ce n’est pas évident de trouver le bon titre. Mon père était agriculteur. Lorsque l’herbe repousse on appelle ça le regain. C’est un terme botanique qu’on s’est réapproprié. Je trouve que ce mot est frais, musical, qu’il traverse bien les époques et qu’il parle aux gens de manière très différente.

Après avoir choisir Regain, je me suis aperçu que c’était l’anagramme de graine ! C’est drôle car c’est un peu ce que j’ai voulu faire avec cet album. J’ai voulu planter une graine et voir ce que ça donnerait en l’arrosant.

C’est la première fois que tu chantes en anglais, vois-tu des différences avec le français ?

Les sonorités sont vraiment différentes. L’anglais est une langue plus ouverte mais comme pour le français si les mots ne sonnent pas, c’est que ce ne sont pas les bons. Piers Faccini m’a beaucoup aidé dans l’écriture de Lonely et Only Wolves car je ne voulais pas dire n’importe quoi. Et je voulais conserver le même niveau de langage en français et en anglais. Mais j’adore chanter en anglais ! Je me sens libre dans les 2 langues.

Tu as entièrement composé cet album mais comment ça se passe concrètement quand tu écris une chanson ?

J’ai mis du temps à venir à l’écriture. En général la mélodie me vient en premier. Mais ça dépend aussi de mon humeur. Ce n’est pas vraiment moi qui décide, il y a pleins de facteurs qui font monter l’inspiration. J’aime bien me laisser surprendre. Je trouve ça moins routinier, plus risqué et peut-être plus naïf aussi.

J’ai écrit Éreinter, Colibri et Caractère en partant d’un seul mot, le titre. Je savais que je voulais aborder ces sujets. Il ne restait plus qu’à écrire la chanson !

Gael Faure : un artiste qui aime les hommes et la Terre

Tu as écrit le titre « Colibri » en référence au mouvement Colibris porté par Pierre Rabhi. Comment as-tu connu ce mouvement et pourquoi es-il si important pour toi ?

Il y a 2-3 ans, j’ai lu le livre de Pierre Rabhi « La Sobriété heureuse ». Ce texte a fait écho en moi. J’ai eu envie de faire ma part. De faire plus que simplement écrire des chansons pour écrire des chansons. Un jour, je suis allée au QG du Mouvement Colibris, avec cette chanson sous le bras. C’était la première fois que j’écrivais seul ! J’y suis allé comme ça, sans arrière-pensée, juste pour leur présenter cette chanson. Ils l’ont bien aimé et moi j’ai eu envie de faire plus qu’une chanson. En échangeant avec la directrice, on a eu l’idée de monter un festival itinérant et durable : Le Chant des Colibris. Les concerts étaient un prétexte pour se retrouver, pour mettre en relation des personnes sur le plan local. C’était génial ! Ça m’a apporté beaucoup de joie et ça a donné du sens à ce que l’on fait, en tant qu’artiste.

Une deuxième édition est dans les tiroirs.

Tu as soufflé ta trentième bougie et tu t’ouvres beaucoup sur ton nouvel album. Qu’as-tu appris sur toi ?

Pendant ces 4 ans je me suis posé beaucoup de questions. J’ai réfléchi sur moi-même pour savoir où j’allais et ce que je voulais raconter. Je ne veux pas faire de la musique pour faire de la musique. Je suis parti seul pendant 15 jours en Grèce pour faire le point. Prendre le recul nécessaire pour savoir quelle personne je suis. Et j’ai appris que mes valeurs me nourrissaient et qu’elles me faisaient du bien.

Ton premier single « La Saison » s’inspire d’une tribu himalayenne vivant sur les hauts plateaux du Népal. L’écologie est importante pour toi. Fais-tu des actions au quotidien pour protéger la planète ?

Dans la rue, je ramasse les déchets qui traînent. Je trouve ça normal et évident ! J’achète local dans un petit commerce en bas de chez moi. J’adore cette proximité car je peux avoir une discussion avec les vendeurs. On parle souvent musique et on s’échange nos coups de cœur. Je recycle mes fringues et j’achète en friperie ou en recyclerie. À la maison j’ai des lampes led écologique, je fais attention au chauffage et à ma consommation d’eau.

Des petits gestes simples mais qui peuvent avoir un vrai impact ! Allez dernière question. Je n’arrive toujours pas choisir ma chanson préférée. Ça se joue entre Colibri, Courbes et Lacets et Traverser l’hiver. Et toi, si tu devais garder qu’une chanson de Regain, laquelle choisirais-tu ?

Wahou, question compliquée ! Je ne voulais aucune chanson que je n’aime pas sur l’album. Ça dépend du contexte. Sur le disque, je dirais Courbes et Lacets. Je trouve qu’elle ouvre bien l’album. Mais sur scène, je dirais Colibri pour le côté « on se lâche » tout en disant des choses qui ont du sens !

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Merci Gael de m’avoir accordé de ton temps ! Et je confirme, en live il est impossible de ne pas danser sur Colibri. Il sera d’ailleurs en concert le 13 mars à Lille et le 21 mars à Paris. Si vous habitez dans les parages, courrez-y !

Je vous embrasse <3